Flash Culturel de votre Conférencier :
Cédric CABANNE
Chers Passagers,
Pour ne pas perdre les bonnes habitudes culturelles chères à Plein Cap et auxquelles vous êtes très attachés, l'Année 2020 s'ouvre avec ce coup de coeur autour de l'Archipel des îles du Cap Vert.
Ce flash culturel, pensé et illustré par votre conférencier Cédric Cabanne, met en valeur ce peuple aimable et accueillant, sa culture métissée et unique, sans oublier ses musiques, qui font de l'archipel capverdien un lieu unique !
Cédric Cabanne y retourne avec un immense plaisir, pour la 3ème saison consécutive en Mars prochain et souhaite vous faire partager son engouement pour ces îles et retrace pour vous des moments forts de culture et de découverte à travers ses textes mais aussi grâce à un montage vidéo de ses plus belles photos !
BONNE LECTURE ET BONNE ANNÉE 2020 !
DECOUVERTE DES ILES DU CAP VERT
du 28/03 au 5/04/2020 et du 4 au 12/04/2020
à bord de l'HARMONY V
CROISIERE 100% FRANCOPHONE
Laissez-vous bercez par cette musique du Cap Vert, elle ne s’arrête pas à l’un des nombreux genres musicaux qui sont nés ou qui se sont épanouis sous ces tropiques.
La musique du Cap Vert, c’est son âme, c’est toute la culture de ces petits cailloux, celle la poésie de Jean Yves Loude, celle de ses histoires traditionnelles, ses contes qui racontent les dangers des îles et de la mer, les peurs de ses pauvres habitants.
C’est aussi la cuisine locale, sans prétention, ce n’est pas de la haute gastronomie, mais pour la plupart des plats simples, utilisant toutes les ressources locales, des ingrédients parfois surprenants comme les pouce-pieds, habitude très ibérique.
Ces îles découvertes, colonisées voilà plus de 5 siècles ont eu de nombreux visiteurs, des explorateurs, des aventuriers, des scientifiques de passages. Les touristes découvrent peu à peu ces îles, mais en dehors des stations balnéaires des îles de Sal et de Boa Vista, le reste est superbement ignoré par la masse touristique, et c’est peut-être mieux ainsi.
Au programme de votre flash culturel :
- Cabo Verde, état insulaire, lilliputien et sahélien - Cédric Cabanne
- Un conte du Cap Vert : La hyène, le lièvre et la bordigue, extrait du Contes et récits de l’archipel du Cap-Vert, Fleuve et flammes -
CILF Edicef, Ed Boudin 1988 - Cuisine du Cap Vert : Casserole de chapeaux chinois - extrait de Cuisine des îles du Cap-Vert, de Virgiania Vieira Silva
- Les visiteurs du Cap-Vert - Cédric Cabanne
CABO VERDE, ETAT INSULAIRE, LILLIPUTIEN ET SAHELIEN
Le Cap-Vert ou d’après son appellation officielle, celle des Nations-Unis depuis 2013, le Cabo Verde n’est pas forcement l’état le plus facile à localiser sur un planisphère. Si par chance, ou connaissance on arrive à dénicher à l’Ouest de l’Afrique ce petit archipel, on n’est pas forcement au courant de son histoire, riche et complexe, de sa grande diversité, évidement liée à son insularité et à la multitude de ses îles.
On ne peut pas vraiment se fier à ce nom, le Cap Vert n’est ni un cap, et il n’est pas si vert que cela. La sécheresse, ou les épisodes de sécheresses, ont provoqué tout au long de son histoire des drames, des milliers de morts, et souvent des départs vers des terres plus vertes. Cette adversité climatique n’est sans doute pas étrangère au courage évident de cette nation capverdienne.
Terre inhabitée à sa découverte, elle est peuplée de force par les Portugais. Cinq siècles de présence européenne a laissé son empreinte sur la société du Cap-Vert tout autant que les milliers d’esclaves qui y ont fait souche.
La colonisation portugaise a eu plusieurs visages, portant souvent le métissage comme un modèle, mais limitée par les faibles ressources du Portugal. Et puis l’archipel a été tantôt utilisé, tantôt délaissé quand son importance géostratégique a cessé.
Devenu indépendant grâce à une bataille qu’il n’a mené que de façon indirecte, ni européen, ni vraiment africain, l’archipel du Cabo Verde, cet état lilliputien a dû trouver sa place dans le concert des nations. Vitrine de l’aide au développement, jouant la carte de la bonne gouvernance, son avenir est forcément lié à l’optimisation de ses ressources. Une meilleure intégration régionale, et la lutte contre le réchauffement climatique font parti des nouveaux défis du petit archipel.
UN CONTE DU CAP VERT, LA HYENE, LE LIEVRE, ET LA BORDIGUE
extrait de "Contes et récits de l’archipel du Cap-Vert", Fleuve et flammes, CILF Edicef, Ed Boudin 1988
La hyène possédait dans la baie d’un îlot une nordique dans laquelle, chaque après-midi, elle disposait des filets et des nacelles pour les poissons qu’elle venait récupérer le lendemain matin.
Le lièvre, aussi malin que curieux, eut tôt fait de découvrir l’entreprise et décida de lui faire une farce, tout en profitant de la pêche.
Debout avant le lever du soleil, il arriva le premier et s’appropria tous les poissons. La hyène fut fort surprise de ne rien découvrir dans sa bordigue et s’en fut consulter le sorcier.
Celui-ci lui conseilla d’enduire les rebords des nacelles ainsi que les mailles des filets d’une sorte de colle qu’il lui vendit.
Le lendemain, à l’aube, lorsque le lièvre voulut tirer les filets, ses pattes restèrent collées. Voulant se dégager, il finit par s’entortiller dans les mailles.
Le soleil était déjà bien haut quand la hyène parvint à la bordigue. Elle demanda :
- Qui donc tente de voler mes poissons ?
Elle réitéra sa demande. En vain, car elle ne reçut aucune réponse. Elle décida donc de voir ça de plus près. Trouvant le lièvre empêtré dans le filet elle ne tarda pas à lui dire :
- La loi veut que les voleurs de poissons soient vendus comme esclaves au marché de la grande île.
Elle le ligota, le jeta dans sa barque et se mit à ramer en direction de la grande île.
Au milieu du périple, le lièvre se mit à chanter :
- L’esclave rame pendant que le maître se prélasse.
Vexée la hyène détacha le lièvre et lui mit les rames entre les pattes.
Quelques instants plus tard, la hyène repris connaissance, ligotée et avec une bosse sur le front.
En arrivant devant le marché, le lièvre se mit à la vendre à la criée :
- Profitez-en braves gens! Voici une esclave qui travaille beaucoup et se nourrit d’un rien! Venez, profitez, ce n’est pas cher!
Des curieux s’approchèrent. Ulcérée, la hyène se mit à hurler :
- Le lièvre vous trompe. C’est lui l’esclave, je suis le maître. C’est moi qui l’ai surpris en train de voler mes poissons dans ma bordigue.
Un acheteur lui rétorqua en riant :
- Tu nous prends pour des idiots ? Comment expliques-tu que tu sois enchaînée ? Tu mérites une bonne correction. Lorsque le marché fut conclu, le lièvre dépensa son argent dans une bringue à tout casser. Quelques jours plus tard, sur le chemin du retour, il croisa, au milieu du canal, dans uneembarcation, les enfants de la hyène armés jusqu’aux dents. Leur dessein, sachant que leur père avait été vendu comme esclave était d’aller le délivrer.
Comprenant immédiatement la situation, le lièvre dit aux enfants :
- Hola ! Je cherche des armes pour délivrer de ses chaînes mon amie la hyène qui a été vendue au marché. Les petits de la hyène lui donnèrent leurs armes et s’en retournèrent chez eux.
Le lièvre revint au marché, vendit les armes et avec l’argent acheta cette fois une bordigue...
CUISINE DU CAP VERT
Casserole de chapeaux Chinois (ou arapedes)
extrait de Cuisine des îles du Cap-Vert, de Virgiania Vieira Silva
Ingrédients :
1,5 kg de chapeaux chinois
1 piment
2 oignons
3 tomates pelées
1 feuille de laurier
2 cuillère à soupe de concentré de tomates
3 cuillère à soupe d’huile
2 brins de persil
Sel et poivre
Préparation :
Nettoyez et lavez les coquillages. Remplissez une cocotte au 3/4 d’eau et portez à ébullition. Versez les coquillages et laissez bouillir pendant 20 minutes.
Hachez ail, oignons et piment. Diluez le concentré de tomates dans un 1/2 verre d’eau. Hachez grossièrement le persil. Egouttez et libérez les chapeaux chinois de leur coquilles. Dans une cocotte, faites chauffer l’huile. Faites revenir les oignons, les chapeaux chinois, l’ail et le persil hachés, le concentré de tomate dilué, les tomates pelées, le laurier et le piment.
Ajoutez 1/4 de litre d’eau, salez, poivrez à votre goût. Couvrez et laissez cuire à feu doux pendant 30 minutes.
LES VISITEURS DU CAP VERT
Charles Darwin (1809-1882)
Il n’a que 22 ans quand il part en décembre 1831. Il embarque à bord du Beagle sous les ordres du capitaine Fitzroy, de seulement quatre ans son aîné. Cette expédition a pour mission de compléter l’étude des côtes du continent sud-américain.
Charles Darwin est fraichement diplômé de Cambridge, il est le naturaliste du bord, il doit donc faire des prélèvements, observer la faune et la flore, faire également des observations géologiques. L’expédition part avec plusieurs semaines de retard, retenu au port par le mauvais temps. Rien de bon pour Darwin et son hypocondrie. Avant d’atteindre l’Amérique, il faut faire escale, à Madère, aux Canaries, et au Cap Vert. Ces étapes sont aussi les seuls moments de repos pour C. Darwin qui souffre du mal de mer.
Confiné dans sa cabine, il en profite pour lire les écrits d’Humboldt et de Lyell. Pas de chance, la première escale à Madère est annulée pour cause de mauvais temps, tout comme la seconde, une épidémie de choléra sévit sur Tenerif.
Enfin le 15 janvier 1832, il arrive au sud de l’archipel, sur l’île de Santiago, il va y rester plus de 3 semaines. Celui qui va devenir le père de la théorie de l’Evolution, est encore un jeune naturaliste qui n’a jamais quitté son Angleterre natale. L’île de Santiago fut la 1ere terre étrangère qu’il découvrit.
C. Darwin est enthousiaste, le scientifique observe les rivages et parcours le sud de l’ile à pied et à cheval. Il y effectue ses premiers prélèvements : plantes, animaux, invertébrés, coraux…
C’est d’ailleurs à Santiago qu’il inaugure son 1er carnet de terrain, à couverture rouge qu’il intitule « Cape de Verds ».
Le spectacle grandiose des paysages volcaniques lui donne aussi l’idée de rédiger un livre sur la géologie des pays visités pendant le voyage.
« Faire de la géologie dans une contrée volcanique, écrit-il, à son père à propos de Santiago, est chose charmante ; outre l’intérêt qui s’attache à cette étude en elle-même, elle vous conduit dans les sites les plus beaux et les plus solitaires.
Un amateur passionné d’histoire naturelle peut seul se représenter le plaisir qu’on éprouve à errer parmi les cocotiers, les bananiers, les caféiers et d’innombrables fleurs sauvages ».
Charles Baudelaire (1821-1867)
Charles Baudelaire est de ces voyageurs qui découvrent le Cap-Vert, depuis le bastingage de leur bateau. A peine âgé de 20 ans, le jeune homme a embarqué le 9 mai 1841 à Bordeaux à destination de Calcutta, son voyage n’ira pas si loin, il s’arrêtera à l’île Maurice. Il aurait préféré continuer sa vie de bohème à Paris, mais son beau père souhaitait le soustraire aux influences néfastes de la capitale. Pendant un mois son navire longea les cotes portugaises, puis africaines, et fit relâche sur l’île de Santiago. Il faillait assurer le plein d’eau douce avant de franchir l’Equateur. l’escale ne dura qu’une journée et les passagers ne descendirent pas à terre. Peu de temps après cette halte, alors que l’équipage abordait des eaux plus chaudes, le jeune poète observa le jeu des marins désoeuvrés avec un albatros. une scène qui lui inspira bien des années plus tard un de ses plus célèbres poèmes, l’Albatros, magistrale métaphore du poète maudit…
Alain Gerbault (1893-1941)
Lorsque le navigateur Alain Gerbault échoue sur une pointe de corail au large de l’ile de Santo Antao, le 9 juillet 1928, il est sur le point de réaliser un exploit : le Premier tour du monde en solitaire à la voile réalisé par un Français. Son arrivée dans l’Hexagone sera finalement retardée, car son escale forcée à Mindelo, prévue pour quelques jours, durera dix mois. « Il était cependant maintenant trop tard pour arriver en France, avant l’hiver et je décidai d’hiverner au Cap-Vert » explique-t-il dans son livre le grand voyage. Sur place cet ancien pilote de la première guerre mondiale, champion de tennis finaliste en double en 1921 à Roland Garros, et 1er navigateur à avoir traversé l’Atlantique en solitaire, d’Est en Ouest en 1923 rencontre « une population de toutes les couleurs »
Il s’occupe en jouant au tennis, au football, en profite pour écrire. Il repart de Sao Vicente le 6 mai 1929 et arrive au Havre le 26 juillet. Le lendemain, l’aventurier se précipite à Paris pour suivre la finale de la coupe Davis à Roland Garros et encourage l’équipe de France opposée aux Etats-Unis. A son arrivée le match est interrompu et la foule l’acclame.